Auteur(e)s : Alice Charette, Fondation Monique-Fitz-Back
Photo : Sabrina Quesnel, École des Grands-Pins, Défi Ouvre ta porte 2024
Vous êtes tenté·e·s par l’idée d’amener vos élèves pour faire la classe dehors, mais le manque de temps et certains obstacles vous en dissuadent ? L’enseignement extérieur est associé à des mythes tenaces, qui semblent en ajouter beaucoup dans la tâche déjà chargée des enseignant·e·s. En démystifiant six idées reçues avec des trucs et conseils concrets, vous constaterez que l’apprentissage hors les murs est non seulement possible et accessible, mais aussi bénéfique pour tous et toutes !
Mythe #1 : Il est nécessaire d’acheter du matériel supplémentaire pour faire de l’enseignement extérieur.
Faux ! Un des objectifs de la classe dehors est de permettre aux élèves de réaliser des apprentissages dans des contextes variés, dont en se connectant avec la nature qui les entoure. Ainsi, pour faire la classe dehors, il ne suffit que de sortir et d’utiliser les ressources qui nous entourent ! Les feuilles, les roches, les branches, les insectes, le lignage dans la cour, les arbres, le vent, la pluie…
Il suffit d’un peu d’imagination pour transformer ces éléments en outils d’apprentissage (voir notre banque d’activités). Même le matériel habituel de la classe peut être utilisé dehors, comme les cartes à tâches, les révisions actives, la lecture d’albums jeunesse, les exercices papier à l’ombre d’un arbre, etc. Votre première sortie de l’année peut simplement être de de sortir et d’explorer le lieu comme les opportunités avec vos élèves !
Mythe #2 : Pour vivre une sortie réussie, j’ai besoin de m’y préparer longtemps à l’avance.
Pas forcément ! Bien sûr, les projets d’envergure (ex: pédagogie par projet) sont motivants pour les élèves et nécessitent une grande préparation. Mais est-ce toujours réaliste dans le quotidien des classes au Québec ? Pour vivre l’éducation en plein air, ce n’est pas nécessaire de faire tout en grand ! Une planification peut être utile, surtout au début. Certaines des meilleures sorties sont parfois les plus simples, ou bien celles qui naissent d’une idée spontanée ! Pour commencer, définissez un objectif simple et clair : connecter les élèves à la nature, leur permettre de bouger en révisant une notion, etc.
L’important, pour vous mettre de plus en plus à l’aise à l’extérieur, est de sortir régulièrement et de profiter de votre environnement immédiat. Un sac contenant l’essentiel (cellulaire, trousse de premiers soins, eau, sifflet, gel antiseptique, mouchoir et album jeunesse) vous permettra de partir à l’aventure en toute sérénité.
Mythe #3 : Je dois avoir accès à une grande forêt pour faire de l’éducation nature.
Non ! N’importe quel espace extérieur peut servir de salle de classe. Un parc municipal, un petit jardin, une cour d’école, même un trottoir peut être un terrain d’exploration et de découvertes.
L’idée est de trouver des éléments de votre milieu (nature, environnement bâtit, évènements humains ou naturels, etc.). Ce peut être pour faire une mise en contexte, ou encore pour illustrer et donner vie à une notion, ou encore simplement pour profiter de l’extérieur en changeant l’environnement d’apprentissage. Marcher le quartier à la recherche des noms propres, jouer à la marelle en faisant des bonds de 2 ou de 5, inventer une histoire à partir des nuages observés ou décrire nos gestes au présent de l’indicatif, il y a tant de possibilités à explorer !
Mythe #4 : L’enseignement extérieur n’est utile que pour l’apprentissage des sciences.
Faux ! Bien que la nature soit un terrain privilégié pour rendre concrètes les notions vues en sciences, toutes les matières peuvent être enseignées dehors. On peut faire des mathématiques en observant les formes des feuilles, étudier l’histoire en visitant notre quartier, utiliser nos sens pour enrichir une situation d’écriture ou encore lire un roman dans un hamac. Les possibilités sont infinies !
Mythe #5 : La classe dehors ne convient pas aux enfants avec des besoins éducatifs particuliers.
Tout le monde peut profiter de la nature ! L’enseignement extérieur peut être adapté à tous les profils d’apprenants, y compris les enfants ayant des besoins particuliers. Elle offre un contexte d’apprentissage chaleureux, permet d’apprivoiser des stimulations sensorielles variées et de développer des compétences sociales et émotionnelles (coopération, communiquer ses besoins et limites, etc.). Elle améliore la motivation, le bien-être et le transfert des apprentissages.
Consultez nos articles La nature au service du développement global de l’enfant : entrevue avec Valérie Ferron, ergothérapeute et L’orthopédagogie en plein air : Entrevue avec Stéphanie Bergeron pour en savoir plus !
Mythe #6 : La pédagogie nature est une mode passagère.
Les bienfaits de la nature sont prouvés ! De nombreuses études scientifiques montrent que passer du temps en nature améliore la concentration, la résolution de problème, la mémoire, la collaboration et le bien-être des élèves. L’éducation en plein air est une approche pédagogique solide et durable.
Plusieurs chaires de recherche ont également vu le jour, ici même au Québec. Nous vous invitons à aller les consulter pour découvrir leurs projets de recherche et les dernières publications.
- CRÉPA (Chaire de recherche sur l’éducation en plein air) de l’Université de Sherbrooke
- Laboratoire ÉNa-TerrA (Laboratoire Éducation par la Nature et Territoire Apprenant) de l’Université du Québec à Trois-Rivières
- LERPA (Laboratoire d’expertise et de recherche en plein air) de l’Université du Québec à Chicoutimi
L’enseignement en nature est une approche pédagogique riche et accessible à tout le personnel enseignant, quel que soit le niveau d’expérience ou le contexte de leur classe. En démystifiant les idées reçues les plus répandues, nous constatons que la nature est une véritable alliée pour favoriser l’apprentissage et le bien-être des élèves. Alors, n’hésitez plus à sortir vos élèves et à explorer les possibilités infinies qu’offre votre milieu !