Auteur(e)s : Frédéric Moreau, Les sentiers éclairés
Qui est Frédéric Moreau et qu’est-ce qui le passionne ?
J’ai longtemps travaillé comme traducteur et sous-titreur avant de découvrir il y a 10 ans le monde professionnel du plein air. Depuis, j’y évolue comme guide de randonnée, aménageur de sentier, responsable logistique ou encore secouriste. Passionné d’évasion en nature, dans le proche ou le lointain, j’essaye de rallier les gens qui m’entourent aux multiples bienfaits du plein air…
Quelle est l’inspiration derrière Les Sentiers Éclairés? Quels sont ses services et à qui s’adressent-ils?
Les Sentiers Éclairés proposent une activité de plein air (la randonnée pédestre) avec un contenu (un thème choisi au préalable) qui se dévoile dans un cadre ludique (la chasse au trésor). Cette activité a été pensée initialement pour un public scolaire primaire et secondaire. Cependant, rien ne s’oppose à ce qu’elle soit proposée à des préscolaires ou des adultes, puis que le contenu est adaptable au public qu’il vise. Notre objectif est de promouvoir le plein air, de montrer que les sentiers constituent un cadre formidable, bénéfique et très propice à la découverte, à l’apprentissage et au jeu. Je considère que l’apprentissage et l’acquisition de connaissances reste avant tout une question de ressenti. Dehors, tous nos sens sont en éveil. Notre environnement se voit et s’entend bien sûr, mais il se touche et se sent également. Cela en fait un cadre très favorable à la transmission du savoir quel qu’il soit. Maintenant, imaginez un musée en forêt avec des défis qui vous mènent jusqu’à un trésor. Vous avez l’idée de notre proposition. Le Québec compte de beaux musées mais regorge surtout de forêts magnifiques et de sentiers inspirants.
Vous décrivez vos activités comme ‘des randonnées thématiques, ludiques et instructives pour tous les esprits curieux, quel que soit leur âge…’ Qu’est-ce que les jeunes vivent durant ces randonnées? Qu’est-ce qu’ils apprennent?
Pour répondre à cette question, je vais devoir vous décrire une chasse au trésor type. Les jeunes se retrouvent au départ d’un sentier et se font remettre quelques instructions dont un code et des règles. La démarche est coopérative. Les enfants partent tous ensemble à la recherche d’un trésor. Ils se lancent alors sur un sentier et vont y croiser une succession de défis faisant appel à leurs connaissances ou à leur réflexion sur le thème. Ensemble, ils vont devoir rassembler les pièces d’un casse-tête, ordonner et classer des informations, deviner et résoudre des énigmes. Ainsi, ils manipulent, lisent à haute voix, discutent des informations entre eux.
Je constate que les participants s’amusent et célèbrent avec joie la découverte du trésor, que la majorité des enfants se laisse prendre au jeu et participe aux défis avec enthousiasme, que tous marchent jusqu’au bout.
Partagez un ou deux moments qui vous ont marqué lors de vos randonnées éclairées
La dimension collaborative instaure une belle dynamique de groupe. Chacun encourage l’autre et l’invite à embarquer pour le succès de l’aventure. On voit également, dans le cadre d’une chasse multi-âge, les plus vieux lire les énigmes et les plus jeunes aider à les résoudre. Une randonnée pédagogique reste une randonnée en nature avec tout ce que cela peut avoir de magique et d’inattendu. Ainsi, lorsqu’il a neigé 40 cm la veille et que le sentier est recouvert en entier, la nature devient magnifique et donne aux participants des allures d’explorateurs…
Comment voyez-vous votre rôle durant ces randonnées?
Mon rôle est d’animer l’activité, de « planter le décor » et d’insuffler au début un peu d’élan. Ensuite, je veille à ce que les participants restent groupés, que la randonnée se déroule bien et que les défis soient réalisés avec succès. J’agis un peu comme un « maître du jeu » avec un brevet de secourisme.
Le plus gros de mon travail se situe en amont, avec la conception des jeux/défis et la vulgarisation des connaissances.
Quelles leçons tirez-vous de ce projet et de ces expériences?
J’observe que le jeu est un formidable vecteur d’apprentissage et que la dynamique participative et collaborative permet d’englober un maximum de participants et de n’en laisser aucun derrière. Chacun peut trouver sa place et tout le monde se voit, au bout du compte, gratifié d’avoir participé.
Je remarque que la vulgarisation des connaissances est un réel défi mais que quand elle est bien adaptée au public visé, une quantité incroyable de sujets peut être abordée.
Je dénote que la marche offre une réelle dynamique d’apprentissage et que cette mécanique de l’effort est stimulante intellectuellement. Entre deux défis, les participants peuvent cogiter et assimiler ce qu’ils viennent d’aborder,
Les 5 sens sont susceptibles de jouer un rôle dans l’apprentissage et pour que l’activité soit riche et stimulante, l’idéal est de varier les sens sollicités. Aussi, le toucher, la manipulation et la construction sont de très efficaces compléments à la lecture.
Je redécouvre aussi qu’avec peu de choses, de bonnes idées et la belle nature qui nous entoure, on peut vivre d’excellents moments de partage et d’apprentissage.
Auriez-vous des conseils pour les enseignant.e.s souhaitant réaliser des randonnées pédagogiques avec leurs élèves ?
Commencez par prendre un sentier que vous connaissez bien pour vous y sentir plus à l’aise, trouvez un sujet qui vous parle à vous et à vos élèves, et essayez de vous mettre à leur place pour trouver des jeux ou des défis ludiques… Variez les supports, le type d’énigmes et de défis. Votre imagination et votre créativité feront le reste.
Quelle est votre vision du futur pour l’éducation en plein air? Quels chemins devrions-nous explorer, selon vous ?
Ma vision du futur est très optimiste. Le Québec regorge d’enseignants créatifs qui savent mettre en valeur leur environnement et en tirer le meilleur dans leur démarche pédagogique. Les profs qui ne s’y sont pas encore mis doivent juste se permettre de sortir du format traditionnel, oser sortir. Votre site est une mine de ressources qui devrait permettre aux plus insécures de s’y essayer.
Quand on apprend dehors, on apprend avec ses sens. On apprend avec sa tête, on n’est plus dépendant de la technologie, on retrouve le plaisir d’apprendre. C’est un plaisir finalement très simple et foncièrement humain.
Le dehors est déjà un terrain de jeu reconnu pour la biologie, certaines sciences et le sport. Maintenant, il ne faut pas s’arrêter à cela. Explorons aussi d’autres matières comme les maths, l’histoire ou la géographie. Beaucoup de choses peuvent se transmettre hors les murs.