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Apprendre à pédaler, un bagage pour la vie!

Auteur(e)s : Magali Bebronne, chargée de programmes, Vélo Québec

Programme Cycliste averti. Photo : Vélo Québec

Programme Cycliste averti. Photo : Vélo Québec

Pour beaucoup d’entre nous, le vélo est une évidence. Selon l’État du vélo au Québec en 2015 (source : l’état du vélo au Québec en 2015) , plus de la moitié de la population québécoise pédale, une proportion en croissance malgré le vieillissement de la population, et bien plus élevée que dans des pays tels que les États-Unis ou l’Australie. Cette apparente bonne nouvelle cache pourtant une tendance préoccupante : alors que la proportion de cyclistes progresse chez les Québécois de 35 ans et plus, les plus jeunes (enfants et adolescents) sont moins nombreux à enfourcher leur vélo que 10 ans auparavant.

Et cela se vérifie sur le terrain: bien qu’on prenne souvent pour acquis que tous les Québécois apprennent à rouler à vélo dès leur plus tendre enfance, les écoles primaires regorgent de jeunes ne sachant pas du tout faire de vélo!

Par ailleurs, les données compilées par la Société de l’Assurance automobile du Québec nous indiquent que statistiquement, les jeunes cyclistes sont bien plus à risque d’être impliqués dans une collision routière que les cyclistes adultes. Cela explique peut-être les craintes exprimées par de nombreux parents, qui n’osent plus laisser leurs enfants faire du vélo de façon autonome. À une époque où notre jeunesse est de plus en plus sédentaire, on observe que les parents limitent de plus en plus le rayon d’action de leur progéniture.

Une étude de cas britannique démontrait que dans une même famille, alors que l’arrière-grand-père, à l’âge de 8 ans, avait le droit de s’aventurer à près de 10 km de son domicile en 1919, l’arrière-petit-fils n’est désormais autorisé qu’à aller jusqu’au bout de la rue, soit à moins de 300 mètres. ]

Que faire pour inverser cette tendance? Plusieurs milieux scolaires, voire de la petite enfance, ont décidé de prendre le relais des parents et d’enseigner le vélo à leur jeune clientèle, avec ou sans petites roues!

Le vélo au préscolaire et en petite enfance

En CPE, à la garderie ou à la maternelle, l’approche est souvent organique : on laisse à la disposition des enfants toutes sortes d’engins à roues. De la trottinette au tricycle, en passant par la draisienne (vélo sans pédale), les enfants peuvent ainsi apprivoiser ces objets et apprendre tout en douceur des aptitudes motrices telles que l’équilibre dynamique et le pédalage, mais aussi le freinage dans sa plus simple expression (avec les pieds).

Le vélo au primaire

Aux premiers cycles du primaire, les enseignements sont souvent plus structurés, pendant les périodes d’activité physique. Au moyen d’exercices proposés par les éducateurs physiques, on développera chez les plus habiles des aptitudes motrices plus fines : suivre une trajectoire droite ou au contraire sinueuse, éviter des obstacles.

C’est aussi l’occasion de corriger certaines mauvaises habitudes : on apprend à freiner avec les freins, les deux mains à la fois, et non plus avec les pieds. Pour les enfants qui n’ont jamais eu la chance de faire du vélo, on adopte la méthode de la draisienne : on retire les pédales du vélo, on baisse la selle, et on les laisse développer leur équilibre dynamique en poussant avec les pieds. Cette méthode est beaucoup plus efficace que les petites roulettes : on décompose l’apprentissage en se concentrant d’abord sur l’équilibre. Quand celui-ci est acquis, on remet les pédales et on apprend à pédaler.

À la fin du primaire, on peut toujours pratiquer la méthode de la draisienne pour permettre aux débutants de se mettre à niveau. Et puis, il est temps d’introduire les notions de sécurité routière qui outilleront les jeunes à devenir de bons usagers de la route. On apprend à mieux comprendre son vélo et vérifier son bon état de fonctionnement. On se familiarise avec les règles de la route, et on apprend à signaler ses intentions grâce au code gestuel. On se sensibilise à l’importance d’être visible et de communiquer avec les autres usagers de la route. On prend conscience des risques qui nous guettent : nids de poules, portières d’autos, camions aux vastes angles morts.

À 10 ou 11 ans, les jeunes ont également atteint un niveau de développement cognitif adapté à des activités sur route, en situation réelle. Ils sont maintenant aptes à analyser leur environnement, évaluer la vitesse des véhicules et anticiper les comportements des autres usagers de la route. Faire l’expérience du vélo sur le circuit routier est une étape particulièrement formatrice, mais nécessite aussi de bonnes précautions : planification de trajet, ratio d’encadrement et formation des accompagnateurs doivent être adéquats pour minimiser les risques. C’est cette expérience clé en main qu’offre le programme Cycliste averti de Vélo Québec.

Le vélo au secondaire

Au secondaire, il n’est pas trop tard pour faire pédaler des élèves qui n’auraient aucune expérience à vélo : on enlève les pédales du vélo et on reprend la méthode de la draisienne. Les notions de sécurité routière méritent d’être revues et approfondies avec tous les élèves. C’est aussi un bon moment pour aborder d’autres aspects du vélo, tels que ses mérites environnementaux, avec la trousse pédagogique conçue par Cyclo Nord-Sud.

Des initiations à la mécanique vélo sont populaires, et développent l’autonomie et le sentiment de compétence des adolescents, au point que certaines écoles secondaires aménagent des ateliers communautaires dans leurs locaux. On peut aussi se lancer dans des activités plus ambitieuses, comme une randonnée à vélo de plusieurs jours, avec camping. Les élèves sont alors mis à contribution pour planifier le trajet et toute la logistique de l’expédition.

Cette progression logique des apprentissages permettra aux enfants, puis aux adolescents, de démystifier la pratique du vélo, de gagner en confiance et de se sentir compétents à deux roues. En rassurant les parents, on espère que le vélo trouve sa place dans le quotidien des familles. Non seulement ils seront alors actifs dans leurs déplacements, mais cela élargira également leur horizon et leur rayon d’action : le vélo devient alors une porte d’entrée vers une foule d’autres activités en plein air!

Pour en savoir plus

Consultez le site de Vélo Québec pour découvrir le programme cycliste averti.

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