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Réflexion sur le plein air au secondaire

Auteur(e)s : Nicolas Busque

Sortie plein air dans le cadre du cours Éco Plein Air à l'école l'Odyssée. Crédit : Nicolas Busque.

Sortie plein air dans le cadre du cours Éco Plein Air à l'école l'Odyssée. Crédit : Nicolas Busque.

Avant de débuter ma réflexion, je vais me présenter: Nicolas Busque, papa, conjoint, enseignant, environnementaliste, utopiste et idéaliste. Le début de ma passion pour l’environnement et le plein air est né d’un trip de « retour à la terre » de mes parents. Oui, nous avons eu un immense jardin bio avec des chèvres! J’ai toujours gardé cette passion qui m’a amenée à faire une formation spécialisée en éducation physique : concentration plein air de l’Université Laurentienne de Sudbury. La vie m’a fait atterrir dans une superbe petite école secondaire en Estrie, l’école secondaire l’Odyssée de Valcourt. J’ai eu la folle idée de créer un cours maison que j’ai baptisé Écopleinair. Le cours est offert aux élèves de 5e secondaire. J’écris ce texte en vivant la première année de mise en œuvre du projet, un super défi.

Dans la foulée des nombreuses recherches qui indiquent que les élèves souffrent d’un déficit nature et que nous devrions avoir une formation spécialisée en écocitoyenneté, je me suis posé la question sur la pertinence de cette démarche. Je vais partager avec vous mon questionnement, mes inquiétudes et mes solutions.

Le travail et la réflexion débutent en janvier 2019 quand je propose le cours. Je me lance dans plusieurs lectures et discussions avec mon entourage, pour me rendre compte que plus j’avançais dans le projet, moins je savais où je devais aller. Après une bonne discussion avec Hugo Marcotte, conseiller pédagogique et grand chum, je réalise que nous avons plusieurs idées. Je dois trouver les liens et les thèmes pour garder le tout gérable et viable dans le contexte d’une école secondaire québécoise.

Mon idée générale du cours est acceptée pour la grille-matière de 2019-2020. Je suis pris par un sentiment de vertige. « Est-ce que je vais être capable de livrer la marchandise? » Un travail assez ardu m’attend. Je prends une grande respiration et je me lance.

Domaines Généraux de Formation
Je veux trouver une assise pour construire le cours. J’arrive à la conclusion que le système actuel d’éducation québécois est basé sur les Domaines Généraux de Formation. Le cours aura comme fondation, les DGF. Je me sens comme si je venais d’inventer le bouton à quatre trous. Les diverses idées éparses se classent tranquillement et toutes semblent s’emboîter les unes dans les autres. Je me lance dans mon classique calendrier avec des Post-it : initiation au canot début septembre, étude des sols en octobre, cuisine en plein air en novembre, ski de fond et construction d’un poêle de camping en janvier. Je commence à concrétiser un horaire. Je discute, je remplace, je modifie. Je sens que je construis un cours intéressant et pertinent. Il est évident que mon cours de l’an prochain sera modifié. Je prends ce qui fonctionne et je laisse ce qui ne marche pas.

Pour bien saisir le lien des DGF et des objectifs du cours Écopleinair, l’illustration ci-dessous indique bien les ramifications et les liens possibles. Plusieurs des activités que nous avons vécues durant l’année étaient directement calquées sur le domaine de l’environnement. Le processus d’analyse des domaines donnait un sens au cours et légitimait sa raison d’être dans une école québécoise.

Cet exercice me permettait de construire une expertise, une méthode, une confiance dans le domaine de la formation écocitoyenne dans mon école. Le projet écopleinair peut être exporté dans toutes les écoles secondaires du Québec. La pierre angulaire du cours devenait de plus en plus claire.  « Les élèves ont besoin d’apprendre à l’extérieur ».

 

Exemples d’activités réalisées au cours Écopleinair

  • Automne : analyse des sols, canot, slackline, randonée
  • Hiver : alimentation en plein air, construction d’un quinzie, fabrication du poêle, fatbike, ski de fond
  • Printemps : vélo de montagne, cyclotourisme, analyse de l’eau, randonnée

 

L’équipe

La création du cours Écopleinair est arrivée dans un moment particulier de l’histoire de l’école l’Odyssée de Valcourt. Depuis la nuit des temps, les élèves de l’école terminaient leur 4e secondaire et quittaient pour l’école secondaire du Tournesol à Windsor pour faire leur 5e secondaire. Plusieurs parents, intervenants, élus municipaux, enseignants et enseignantes ont voulu donner une expérience complète aux élèves de la région de Valcourt. Pendant 4 ans, un mouvement chapeauté par le comité Valcourt 2030 a fait des pieds et des mains pour offrir un 5e secondaire à l’école. L’année 2019-2020 a été la première année pour cette cohorte. Le moment était propice pour la création du cours. Une vague de support de la communauté a déferlé sur le projet : BRP, Caisse populaire du Val St-François, la Banque TD, le tournoi de golf de l’Odyssée et le tournoi de deck hockey ont amassé d’importantes sommes pour l’achat de matériel. Les gagnants? Les élèves.

 

Il est important de noter l’énorme support des collègues et de la direction. Julie Dubois, directrice de l’école, a su donner la latitude nécessaire et la volonté politique pour faire vivre ce beau projet rassembleur. Hélène Bégin, technicienne en travaux pratiques et bonne amie, a su ramener le côté logique et pragmatique du projet.  Hugo Marcotte, conseiller pédagogique et tripeux de plein air, a amené de l’eau au moulin et une vision différente au projet. Mes stagiaires, Audrey Bellerose et Simon Chandonnet, ont amené une énergie débordante, de folles idées et une validation de la place du plein air dans une démarche de formation écocitoyenne.

 

Je termine ce texte en citant Rousseau : « Nos premiers maîtres de philosophie sont nos pieds, nos mains, nos yeux. Substituer des livres à tout cela, ce n’est pas nous apprendre à raisonner, c’est nous apprendre à nous servir de la raison d’autrui. »

Bon, fini la lecture. Allez jouer dehors!

Nicolas Busque

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