Auteur(e)s : Julie Moffet, Fondation Monique-Fitz-Back
L’approche de l’enseignement extérieur prend racine dans un concept essentiel mais parfois mis de côté : l’importance des relations. L’extérieur offre de nombreuses opportunités pour créer (ou recréer) des connexions authentiques et de qualité – avec soi-même, avec les autres ainsi qu’avec son environnement et sa culture. Les moments et les endroits où ces connexions ont lieu sont autant d’opportunités riches en apprentissages qu’elles sont importantes au développement et au bien-être des jeunes !
Connecter les savoirs au milieu
Enseigner dehors permet d’offrir des situations d’apprentissages concrètes aux élèves tout en leur permettant de s’approprier leur culture et de découvrir leur environnement. Un environnement d’apprentissage authentique favorise des expériences d’apprentissages authentiques, ce qui motive davantage les élèves tout en les aidant à définir leur place dans la société.
L’importance de donner du sens aux apprentissages en utilisant le milieu fait d’ailleurs partie intégrante de la vision du Programme de formation de l’école québécoise :
« L’école compte parmi les lieux importants de transmission entre les générations des acquis de la société. Par le biais de ses activités de formation, elle crée un environnement dans lequel l’élève s’approprie la culture de son milieu, poursuit sa quête de compréhension du monde et du sens de la vie et élargit l’éventail de ses moyens d’adaptation à la société. (…) Elle [l’école] doit donc se soucier, dans sa façon d’aborder les apprentissages fondamentaux, de donner un sens et une portée aux savoirs développés en contexte scolaire » (Programme de formation de l’école québécoise, chapitre 1, p. 2-3).
Éducation par le milieu et perspective autochtone
L’apprentissage par le milieu fait et a toujours fait partie de l’éducation et de la culture autochtone. Plusieurs écoles autochtones se tournent à nouveau vers cette éducation ancrée dans la terre pour y intégrer et connecter les savoirs traditionnels avec le curriculum éducatif, et ainsi rebâtir les ponts avec la terre, la culture et la communauté (à ce sujet : voir cet article du Globe and Mail, 2018).
Dans la vision du monde autochtone traditionnelle, la terre est au centre de l’éducation; s’engager dans des activités culturelles basées sur la terre (land-based activities) est essentiel au développement mental, physique, émotionnel et spirituel des élèves autochtones (Bell & Brant, 2015; Greenwood & de Leeuw, 2007; Rowan, 2017). Lorsque les enseignant(e)s offrent aux élèves la possibilité d’établir cette connexion avec la terre, par le biais d’activités traditionnelles comme la narration (storytelling), les enseignements traditionnels, les cérémonies, la langue et les compétences de survie, les élèves autochtones sont davantage en mesure de constituer leur identité et de valoriser leur culture (Bell, 2004; Bell & Brant, 2015).
Des relations humaines porteuses de bien-être et de motivation
Plusieurs études (McIntyre, 2019) ont démontré que le bien-être des enseignants avait un impact significatif sur le bien-être et les résultats scolaires des élèves. Et justement, l’enseignement extérieur est connu pour améliorer le bien-être de nombreuses façons, notamment par les effets apaisants du contact nature (Bratman, Daily, Levy, & Gross, 2015), mais aussi parce que cette approche réduirait les enjeux reliés à la discipline et à la gestion des comportements difficiles (James et Williams, 2017).
L’enseignement extérieur transforme aussi positivement la relation enseignant-élèves : nombreux sont les enseignants qui affirment que faire la classe dehors leur a permis de voir leurs élèves sous un autre jour. Pour certains, cette approche leur a donné l’opportunité de devenir de vrais partenaires d’apprentissages pour leurs élèves (McIntyre, 2019).
Enfin, l’enseignement extérieur aurait un impact significatif sur les habiletés sociales des élèves (Harun, Salamuddin, 2014) de même que sur leurs relations interpersonnelles (Hattie et al, 1997).
Un contact avec la nature essentiel au bien-être des jeunes
Le contact direct et le jeu créatif en nature permet de bâtir une connexion avec celle-ci (Kharod, D., Arreguín-Anderson, M.G., 2018) et aurait un impact significatif sur l’adoption de comportements écoresponsables (Hughes, J., Richardson, M., Lumber, R., (2018).
De plus, le bien-être des élèves est l’un des principaux bénéfices observés en enseignement extérieur (sondage Enseigner dehors, 2018). De nombreuses études ont démontré ce besoin, dès le jeune âge, d’être en contact avec la nature et les retombées positives de ce contact sur la santé physique et mentale, dont la réduction du stress (Kaplan, 1992) et de l’anxiété (Bratman, Daly, Levy & Gross, 2015).
Se connecter à son milieu : porteur de bien-être et de réussite !
En conclusion, l’enseignement extérieur permet de mettre en lumière, grâce à des interactions variées avec son milieu, les liens qui existent entre soi, les autres, son environnement et sa communauté, de même que l’équilibre dont chacun dépend. Enseigner dehors offre à la fois une meilleure connexion avec son environnement et un cadre favorisant des relations humaines de qualité. Ces conditions sont porteuses de de bien-être et stimulent la motivation intrinsèque des élèves, des facteurs importants pour la réussite scolaire.
Concrètement, comment créer des connexions entre les apprentissages et son milieu ? La réponse dans cet article : 4 trucs pour connecter les apprentissages avec votre milieu.